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-Édito-
On ne peut plus faire « comme si »
Depuis plusieurs mois, une même réalité s’impose partout où l’on passe. Dans les forums, les ateliers, les temps de terrain, les échanges entre partenaires :
Les gens ne vont pas bien.
Ce n’est pas un effet de langage. C’est un fait. Le malaise est là, dans les regards, dans les postures, dans les silences. Il traverse toutes les couches de la société. Les corps sont fatigués, les esprits saturés, les liens distendus. On court sans cesse, mais plus personne ne semble avoir le temps — ni l’élan. Et derrière cette agitation permanente, on sent un trop-plein. Une usure diffuse.
Isolement, désengagement, fatigue mentale, retrait social… Des personnes qui souffrent (de douleurs chroniques ou non), mais qui n’osent plus demander. Des personnes qui ne réussissent plus à identifier les bons relais et pourtant, ils existent. Mais la connexion ne se fait plus.
Même constat du côté des professionnels : épuisés, inquiétés, parfois démobilisés, car eux-mêmes sont à bout. Et comment prendre soin, accompagner, quand on ne va pas bien soi-même ? Cette question, on se la pose sérieusement. Et on y travaille.
Et le bénévolat ? Lui aussi vacille. L’envie est là… mais le monde a changé. Et aujourd’hui, même les bénévoles doivent composer avec des réalités économiques qui rendent l’engagement difficile.
Les acteurs de terrain, eux, continuent. Ils innovent, maintiennent des dynamiques, créent du lien tant bien que mal. Mais ils le disent tous : « Ça ne prend plus. » «Il faut une sacrée dose d’énergie pour continuer à y croire » Ça tombe bien : ma mère m’a toujours dit que j’étais utopiste. Mais que voulez-vous ? Je crois encore en un monde de beauté, de lien, de vivant.
Lors du Forum Santé à Agroparc ce mardi 24 juin, plusieurs thérapeutes m’ont confié : « Avant, on devait refuser du monde. Aujourd’hui, si trois personnes viennent dans un atelier, on est content » Ce n’est pas une question de communication, ni de qualité, ni de prix. C’est plus profond. Plus systémique.
🔎Le monde a changé. Et on ne reviendra pas en arrière. On ne peut plus faire comme si de rien n’était.
Alors non, vouloir encore voir le positif, ce n’est pas faire l’autruche. C’est même un acte de résistance. Mais il nous faut des appuis (dont financiers, chers mécènes et partenaires financeurs — vous voyez ma subtilité… 😄). Il faut imaginer des formats simples,ouverts, humains. Des lieux où l’on respire, où l’on bouge, où l’on se reconnecte à soi et aux autres. Des bulles d’oxygène pour reprendre souffle — et confiance. C’est ce qu’on essaie de construire, à notre mesure, avec Vivre Doul’Heureux au Quotidien : des espaces différents, à la croisée du soin, du social et de la vie quotidienne. Pas pour faire à la place, ni à côté — mais avec.
Delphine Gosset (DG) , co-fondatrice de Vivre Doul’heureux au Quotidien
Quelques chiffres parlants pour éclairer la réalité :
* 20 millions d’adultes français souffrent de douleurs chroniques modérées à sévères , soit près de 30 % de la population adulte (HAS 2024) * 70 % de ces personnes présentent des répercussions psychosociales importantes : troubles du sommeil, anxiété, dépression (source : institut Analgesia) * 54 % des managers et cadres déclarent un stress intense , plus de la moitié évoquant un épuisement professionnel régulier (L’Express 2024) * Dans le médico-social, 35 % des salariés estiment que leur travail affecte négativement leur santé mentale (Carenews 2025) * Plus de 60 % des professionnels de santé (infirmiers, aidessoignants, médecins) déclarent avoir connu un épisode d’épuisement professionnel en 2023 (Santé-Gouv) * 12 % de la population française vit en isolement social total , et 1 personne sur 3 n’a qu’un ou aucun réseau relationnel (Fondation de France 2023) * 15 % des 40–59 ans sont isolés , et 24 % des Français se sentent régulièrement seuls , notamment 57 % souffrant de ce sentiment (Fondation de France 2025) * Environ 33 % des personnes âgées (60 ans +) ressentent un isolement relationnel , avec des situations extrêmes chez 800 000 à 2 millions de seniors isolés (Ordre Infirmiers 2021) * 62 % des jeunes de 18‑24 ans déclarent se sentir régulièrement seuls (IFOP 2024) * 95 % des adultes présentent un risque pour la santé lié à une activité physique insuffisante ou trop de temps assis (Santé‑Gouv 2025).
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